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Education et enseignement : un système archaïque ?

école inadaptée a notre société
Temps de lecture : 8 minutes

transmission-culture-savoir-et-dignite-citationB-SchwartzL’éducation n’est pas seulement, n’est plus une histoire d’accumulation des connaissances; ce changement majeur est à prendre en compte pour l’avenir de notre société. Nous sommes tous concernés : une éducation “plurielle” qui ne peut plus être uniquement “nationale”. L’éducation se situe au-delà de l’enseignement. “L’homme ne peut devenir homme que par l’éducation” disait déjà Kant. Alors ? une imposture “l’éducation nationale” ? Tiraillée entre sa volonté originelle d'”instruction’ et le besoin actuel de compétences fluides dans une société élargie et mutante, notre école s’affaisse. Inadaptée ou inadaptable ?

Totalement anachronique : l’école obéit toujours à un schéma du XIXème malgré un changement de société évident.

école inadaptée a notre société

Le temps où l’on s’assurait d’un emploi sur les bancs de l’école est terminé. Révolu le temps où le bagage des études, la garantie d’un diplôme suffisent à s’assurer une carrière. Dépassé le temps où l’on devait choisir un métier pour la vie. Tout va vite, très vite, s’invente, disparait, et les métiers se transforment à une vitesse vertigineuse. Cette nouvelle dynamique oblige à repenser la transmission, l’apprentissage. L’école a été inventée au XIXé pour répondre aux besoins de la société d’alors et sa population d’environ 35 millions d’habitants. Nous sommes maintenant plus de 65 millions. Tous différents. De plus en plus diplômés.

L’évolution de notre société vers l’accès aux connaissances est acquise avec le déploiement irréversible des réseaux de communication et des nouvelles technologies. Le professeur est détrôné dans son monopole du savoir et de ce fait doit déplacer son “autorité” s’il veut avoir un rôle. Cette pyramide verticale élaborée au XIXème ne correspond plus à l’amplitude de notre temps hyper connecté. Apprendre aux enfants, aux ados, aux étudiants à trier, organiser, synthétiser, comparer, vérifier ce flot ininterrompu; stimuler ce plaisir de la découverte, responsabiliser cet accès au savoir; apprendre à appliquer ces découvertes, à s’impliquer dans le monde, à partager ses réflexions, à comprendre l’origine d’une pensée, à humaniser son savoir, à se découvrir, à choisir, à s’orienter selon ses aptitudes,,, C’est sans doute là son nouveau rôle. Notre système éducatif étouffe sous la poussière dans une société sans idéal.

Des métiers qui deviennent de plus en plus abstraits

Le XXIème siècle est l’ére du tertiaire. Autrement dit, à part quelques métiers bien spécifiques qui demande un apprentissage approprié, une maîtrise technique et un grand savoir faire, la majorité des jeunes de maintenant vont s’orienter davantage vers un domaine que vers un métier.


Il y’a une chose importante à prendre compte, c’est l’abstraction. Je ne sais pas pour vous, mais il m’arrive très souvent de rencontrer des gens dont je ne comprends rien à leur activité professionnelle. J’entends des mots qui ont l’air important mais je ne peux pas les situer. C’est amusant parce que je me suis rendu compte aussi que si je m’adresse à mon entourage “ Qu’est-ce qu’il fait, un tel…? C’est quoi son job ?” on me répond assez souvent “Heuhhh… j’ai pas très bien compris… j’sais pas trop…” Ce qui m’a amené petit à petit à penser “et tous ces jeunes, qui subissent les pressions d’orientation, d’APB, de bi-licence ou autres, ils comprennent ces “définitions de poste” ? Absolument pas! C’est une nébuleuse abstraite vertigineuse! A part certains métiers bien définis (prof, médecin, danseuse,,,) ils ne savent pas expliquer le métier de leurs parents, des parents de leurs amis, etc. On leur dit et répète que le monde n’est pas virtuel, que la vie n’est pas un jeu vidéo, on leur parle de la réalité de l’avenir,,, Peuvent t-ils l’entendre ?

En multipliant les passerelles dans le cycle d’études, le phénomène “domaine d’activité” commence à être pris en compte. Cette prise de conscience est encore trop balbutiante si l’on considère la mutation de notre société; Dorénavant, nous nous situons bien plus dans un savoir-être que dans un savoir-faire; une grande partie des métiers de demain sont inconnus aujourd’hui, certains métiers d’aujourd’hui n’existeront plus demain. Les jeunes inventeront leur activité. Ce “changement d’état” est à construire d’urgence pour une société qui se développe de plus en plus dans le relationnel, la mobilité, l’opportunité.

Priorité au “savoir-être” dans un monde de plus en plus relationnel

Ce qui différencie le bon manager, le bon commercial, le bon entrepreneur, etc et même le bon médecin, est son savoir-être. C’est à dire, connecter ses différentes intelligences; Ajouter à l’analyse son intelligence émotionnelle, relationnelle, spatiale, sa capacité d’anticiper; s’appuyer sur sa créativité pour apporter des solutions, adapter, innover; faire des liens; disposer de son leadership et son charisme pour fédérer des équipes, communiquer l’enthousiasme nécessaire à la réussite de tout projet, maintenir une motivation individuelle autant que collective, faire preuve d’empathie. Et surtout exprimer son talent.
Ces qualités là sont éminemment humaines. Ces intelligences multiples sont à développer.

Qu’attendons-nous ?

Qu’attendons-nous pour les enseigner et prendre en compte les différences d’aptitudes ?

Reconnaître l’unicité de chacun pour favoriser l’intérêt collectif

Qu’attendons-nous pour bâtir ensemble cette société de différences assumées, autorisées, acceptées, vivantes ?

D’une part, les sociétés ont tendance à construire des inégalités en utilisant nos différences de nature. D’autre part, l’égalité est parfois devenue une revendication plus qu’une valeur, un passe droit, un coupe fil, une arme blanche silencieuse et paralysante contre la différence.

Pour tenter de répondre au désir égalitaire, la société française s’est édifiée sur 3 marches :

  • L’égalité des droits en 1789
  • L’égalité des chances sous la IIIème république
  • L’égalité sociale et économique par la Constitution de 1946

Bien évidemment, il ne s’agit pas de mettre en cause cette recherche du principe d’égalité nécessaire à un idéal de “vivre ensemble”.

Ecole : égalité ou équité ?

Ecole-et-education-quelle-egalite-On peut constater assez facilement la dérive de cette ambition égalitaire si la recherche d’équité demeure annexe ou subordonnée.

Depuis les travaux du philosophe américain John Rawls (1921-2002) sur la notion d’équité, préalable indispensable à toute vélléité de justice, le concept d’équité a bénéficié d’un nouvel éclairage. Certains s’en sont emparés pour bafouer le généreux principe d’Egalité. Ce n’est pourtant pas le propos de Rawls.
L’originalité de Rawls est de placer l’équité comme une notion initiale nécessaire à la réalisation d’une ambition égalitaire, sans dégrader les situations les plus fragiles. (Il ne place plus l’équité* comme pratique à l’égalité, mais comme principe.)

S’appuyant sur la tradition du contrat social, il développe deux nouveaux principes pour accéder à la justice sociale : le principe d’égale liberté et le principe de différence.
La pensée de ce principe de différence me plaît. Et l’interdépendance qui en découle, également.

S’interroger sur l’être humain pour le situer au centre de l’enseignement.

De façon générale, l’école ignore les différences individuelles. Les professeurs ne sont ni soutenus ni formés à cette perspective. Si certains s’en préoccupent, ils se trouvent bien isolés. Pourtant cette prise en compte de l’évidence de nos différences peut ouvrir la voie de façon pertinente à cette fameuse égalité des chances, revendiquée avec arrogance et bafouée par conformisme.

En respectant cette unicité de chacun, nous pouvons développer les aptitudes particulières, les ressources et les talents singuliers tout en épanouissant également les qualités de la nature humaine propres à tous.

Nous savons tous que l’être humain est une merveille inouïe et prodigieuse, capable aussi des pires barbaries. Pour donner une chance à notre monde d’être habité par nos élans les plus riches, donnons la chance à nos enfants d’apprivoiser chacun des leurs. Répondons à leur curiosité et leur intarissable soif d’apprendre. Les éveiller à leur singularité, c’est leur apprendre à se respecter comme à respecter la différence. Leur offrir les outils qui vont les rendre aptes à s’adapter harmonieusement aux différentes situations d’apprentissage, à leur entourage, à leur environnement, à leur évolution. Les rendre capables d’ajuster leurs capacités à leurs aspirations, et non l’inverse. Leur permettre d’être ouverts et confiants, de s’appuyer sur leur créativité.

systeme-archaique-de-l-education-en-France-changement-paradigmeEt si l’ Ecole persiste à camper sur ses schémas monopolistiques du XIXème, il nous reste à nous, parents, éducateurs, enseignants, formateurs, thérapeutes, scientifiques,,, d’utiliser les découvertes du XXème et début du XXIème pour apprendre ensemble ce savoir-être, construire une jeunesse digne, confiante, responsable, libre. On sait maintenant que tout le monde n’apprend pas, n’intègre pas l’information de la même façon.

Une école curieuse pour éveiller le désir d’apprendre ; droit à l’erreur

Les sciences sociales, l’ethnologie, l’anthropologie, la psychologie sociale, cognitive, comportementale, les neurosciences, la biologie, ouvrent un champ considérable d’appuis pour apprendre à nous comprendre, réaliser notre potentiel et donner du sens à notre vie.
Prendre sa place et vivre ensemble.
Alors que la mobilité et la fluidité de notre ère s’illustre dans tous les domaines, notre école se cramponne sur ses filières spécifiques, ses diplômes vieillissant, ses principes éculés selon lesquels “on n’a pas le droit à l’erreur”, son académisme. Cette sclérose serait risible si elle n’était d’abord tragique…

Décrochage scolaire ou docilité imbécile : deux fléaux en progression

C’est un changement de perspectives qui demande à abandonner une idéologie obsolète. L’école doit s’ouvrir. Renoncer au monopole de l’éducation d’un sujet, à la possession d’un être. Fossilisée, elle ne peut prétendre qu’à la formation d’individus formatés, sclérosés, léthargiques.
Comment prétendre former des êtres libres, pensant, responsables, comment accompagner des enfants dans leur renoncement au désir de toute puissance en se crispant sur ses positions dominantes ? L’enjeu de l’éducation n’est-il pas d’ouvrir un être humain à son humanité ? de le rendre sociable et faciliter son intégration dans la société ?
Les connaissances, le savoir, la culture lui permettent d’accéder à ce but en  reconnaissant l’altérité dans ces objets d’études et le plaisir de l’exploration. Cela ne peut être une fin en soi que de connaître la carte de la France ou les Fables de La Fontaine. L’intérêt de la culture est de relier les hommes. Si l’école veut rester crédible dans sa position éducative, et donc intégrative, elle ne peut ignorer le monde de l’entreprise, des Arts, de la famille. Une école froussarde et engoncée mutile les capacités; rébellion ou soumission y répondent.

Laisser périr les fabuleuses promesses des nouvelles générations serait irresponsable.

Etre humain et prendre sa place, cela s’apprend. Et se construit jour après jour. On a la vie pour ça ! Encore faut-il la volonté de considérer notre humanité comme source d’harmonie sociale, non comme le résultat…Recentrer la société sur l’humain commence à l’école. Oui, nous sommes tous concernés !

Et si la 4ème marche, l’étape suivante du désir égalitaire était ‘l’égalité naturelle” ? Si on enseignait aux enfants dès leur plus jeune âge à se connaître, à se comprendre, à observer l’unicité de chacun, à accepter cette diversité universelle, nous nous donnerions une possibilité d’égalité des chances, c’est-à-dire de collaboration; chacun avancerait pour devenir ce qu’il est, ni un dieu, ni un néant. Encore moins une chose…

Laure de Balincourt

*Considérée par Aristote comme une forme supérieure de justice, elle reste subjective et aléatoire.

 

Sources:

Simon Wuhl : L’Égalité. Nouveaux débats, PUF, 2002.
http://www.simonwuhl.org/24.html
 
John Rawls, Théorie de la justice, Seuil, trad.1987, (1ère parution : 1971)
 
Très bonne synthése sur la notion d’égalité :
http://www.aix-mrs.iufm.fr/formations/filieres/ecjs/terminale/egalite.html
 http://fr.wikipedia.org/wiki/Secteur_tertiaire
 

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Un très bon billet de Léon Belleville :”On apprend la routine à la jeunesse, mais on ne lui donne pas les clefs pour y échapper…
http://lecercle.lesechos.fr/economie-societe/societe/education/221189128/ecole-intelligente-scolarite-a-carte
 
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